Selon l�Office national des statistiques (Stats SA), son PIB a enregistr� un recul de 1,2 % au premier trimestre 2016 apr�s une hausse de 0,4 % au quatri�me trimestre 2015. L�Office incrimine le fort recul de la production mini�re (- 18,1 %) et l�impact de la s�cheresse sur l�agriculture (- 6,5 %). Si l�activit� ne repart pas durant le deuxi�me trimestre en cours (avril-juin), le pays sera d�clar� en r�cession, comme en 2009, et l�on ne voit pas comment son activit� pourrait cro�tre de 0,6 % cette ann�e comme le lui annon�ait le FMI en avril.
Certes, son �conomie est la plus diversifi�e d�Afrique, mais sa perte de vitalit� ne date pas d�hier et ne lui laisse aucun espoir de contenir un ch�mage end�mique, qui d�passe les 25 % : il lui faudrait une croissance annuelle de 5 % simplement pour absorber les classes d��ge qui arrivent sur le march� du travail.
Pour autant, les agences Fitch et Standard & Poor�s n�ont pas d�grad� la note souveraine de l�Afrique du Sud, qui demeure un peu au-dessus de celle des cat�gories sp�culatives. Le rand, la monnaie nationale, semble avoir ralenti sa chute par rapport au dollar. Celle-ci avait �t� de 25 % en 2015, attisant une inflation qui d�passe les 7 %. Depuis le 1er janvier, la d�valuation du rand n�est plus que de 3 %. Peut-�tre parce que les march�s ont fini par se persuader que la d�gringolade des prix des mati�res premi�res (fer, or, platine) qui ont fait la fortune de l�Afrique du Sud �tait termin�e.
Il ne faut pas pour autant en tirer la conclusion que le pire est pass�, tant les maux sud-africains sont structurels. Citons les principaux. La p�nurie d��lectricit� caus�e par la mauvaise gestion et les sous-investissements de la compagnie publique Eskom se traduit par des d�lestages qui peuvent durer une dizaine d�heures.
L�agitation sociale permanente, la x�nophobie et la violence dissuadent les investisseurs
La production mini�re et industrielle en est fortement affect�e, et un rapport du D�partement des entreprises publiques publi� en mars 2015 avait �valu� entre 1,7 et 6,8 milliards de dollars (entre 1,5 et 6,3 milliards d�euros) la perte mensuelle subie par le pays du fait de cette carence. Pour y rem�dier, il faudrait qu�Eskom investisse, d�ici � 2020, 19 milliards de dollars� dont elle n�a pas le premier cent.
Les in�galit�s se sont paradoxalement aggrav�es depuis la fin de l�apartheid, ce qui a engendr� une agitation sociale permanente, une x�nophobie et une violence � 16 000 meurtres par an � qui inqui�tent les investisseurs �trangers et les travailleurs africains immigr�s.
Il faut dire que la nomenklatura noire form�e par le parti au pouvoir, le Congr�s national africain (ANC), s�est r�serv� les march�s publics que la politique du Black Economic Empowerment destinait � toutes les entreprises favorisant la promotion des Noirs, des Indiens et des femmes. La corruption fait des ravages au plus haut niveau, puisque le pr�sident Zuma lui-m�me est mis en accusation dans plusieurs affaires de pot-de-vin ou de d�tournement de fonds publics.
Le plus grave est que la politique �conomique du chef de l��tat consiste � m�nager la ch�vre et le chou, la ligne marxisante de l�ANC et son aile lib�rale et mondialis�e. Les changements � r�p�tition du titulaire du minist�re de l��conomie et des Finances trahissent ce pilotage �conomique � la godille. La r�forme fonci�re avort�e et le dangereux d�veloppement d�une soci�t� � deux vitesses expliquent la forte pouss�e des m�contentements et le mauvais moral des entrepreneurs.
Les �lections municipales du mois d�ao�t permettront de mesurer la confiance populaire dont jouit encore un pouvoir � la fois s�r de lui � puisque l�ANC avait obtenu 62,1 % des suffrages aux l�gislatives de 2014 � et de moins en moins cr�dible.